C'est par une après-midi hivernale que nous nous rendîmes à Garindein, la bordure de route encore enneigée fondait doucement sous les rayons du soleil. En compagnie d'Allande, nous partions à la rencontre de M. Rospide, retraité passionné d'apiculture.
Sur notre
droite, nous pûmes apercevoir des ruches entreposées dans un petit
jardin arboré puis, plus loin, une grande maison bien décorée.
Allande prit
l'initiative de toquer à la porte. Aussitôt celle-ci s'ouvrit et
notre interlocuteur nous apparu le sourire aux lèvres. Il nous fit
entrer sans plus attendre, nous ne pouvions rester dans ce froid à
discuter. Nous grimpâmes quelques marches avant d'arriver dans sa
cuisine puis nous nous installâmes autour d'une table, où le café
venait déjà d'être préparer.
Curieux, il
s'interrogea de notre venu et nous posa quelques questions. Nous lui
expliquâmes alors notre projet et nous engageâmes la conversation
sur l'apiculture.
Cette
passion pour les abeilles remonte du temps de son grand-père, qui
par son mariage s'était installé à Garindein. Il tenait une petite
exploitation où il y avait des chèvres, deux vaches mais aussi 35
ruches que lui-même avait fabriqué, des ruches dites « coniques ».
Ils vendaient le miel ainsi que la cire qui permettait de
confectionner des bougies. « Le père Bédécaratz venait récupérer
des abeilles et la reine en tapotant sur la ruche. Dans ce cas, on
peut extraire le miel sans problème et les abeilles entrent dans une
nouvelle ruche posée près de l'ancienne. Il n'y avait donc pas
nécessité de tuer les abeilles pour récolter le miel » nous
raconta-t-il.
En 1977, il
a commencé son activité avec une ruche que lui avait donnée son
aïeul puis il prit des cours d'apiculture au rucher école de Gélos,
ce qui lui permit d'étudier la maîtrise de l'activité. Il pût
notamment suivre l'évolution et le progrès de l'apiculture avec
l'utilisation des ruches à cadres.
Depuis
quelques années, les apiculteurs sont préoccupés par la
disparition inquiètante de l'abeille, avec des pertes de centaines
de milliers de ruches par an. « N'oublions pas que l'abeille est la
principale pollinisatrice de toutes nos plantes à fleurs ! »
S'exclama t-il, « D'après les statistiques en France, en 1995 on
produisait 33 000 tonnes de miel et on importé 8000 tonnes, en 2010
on produisait plus que 15 000 tonnes et on en importé 25 000
tonnes... C'est donc une baisse considérable de la production de
miel ! » Poursuivit-il. Les apiculteurs rencontrent beaucoup de
difficultées et tentent tant bien que mal de sauvegarder les ruches
qui peuvent encore l'être. Cependant, beaucoup abandonnent par
manque de courage... De plus en plus d'amateurs délaissent leurs
abeilles, ne s'en occupent plus. Selon lui et d'après tous les
autres apiculteurs, pour faire ce métier ou pour simplement avoir
des ruches chez soi, il faut avant tout être passionné !
Les
prédateurs des abeilles font bien évidemment partie intégrante de
ces difficultés, parmi cela on retrouve le varroa et le frelon
asiatique. Des lanières sont utilisées contre le varroa. Pour le
frelon asiatique, plus résistant, M. Rospide met sur ses ruches,
dans un piège à frelon, un demi-panaché avec du sirop de
grenadine. Il met ensuite des grilles de protection pour empêcher le
prédateur d'entrer dans la ruche, mais il fait en sorte que cela
soit suffisamment large pour les abeilles. Durant ces dernières
années, il a observé qu'il y avait de moins en moins de frelons
asiatiques.
Cet hiver,
il a eu environ 30% de perte. Perte importante mais moindre que celle
des précédents apiculteurs que nous avons pu rencontrer.
Il travaille
principalement avec l'abeille noire et la buckfast, une abeille douce
et très travailleuse. Mais selon lui, elles deviennent de plus en
plus fragiles en raison des importations des races hybrides.
L'élevage de reines est difficile, l'an passé, 6 ou 7 essaims ont
été ramassés.
A cause du
climat de l'année dernière, il n'a eu que très peu de miel
d'acacia, les pluies abondantes ayant fait disparaître le nectar. Il
achète une fois par an, trois nouvelles ruches à cause des pertes
en hiver. En situation de mauvais temps, il a dû nourrir ses
abeilles deux fois avec du sucre Candie ou leur propre stock de miel.
Il ne
possède pas beaucoup de ruches, mais produit suffisamment de miel
pour en vendre chez lui et Intermarché, à Chéraute. Auparavant, il
faisait des foires, mais sa production diminuant, il dû se
contraindre d'abandonner.
C'est sur
ces mots que la discussion s'acheva. Nous sortîmes de la maison et
il nous invita à visiter son rucher. La neige commençant à fondre
sous nos pieds, nous nous dirigeâmes vers le petit jardin agrémenté
d'arbres où une vingtaine de ruches étaient disposées et sur
elles, des pièges à frelons. Après quelques minutes d'observation,
nous prîmes le chemin du retour en discutant de tout et de rien avec
cet apiculteur, sous les rayons revigorants du soleil bien peu
présent cet hiver.
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