samedi 23 mai 2015

Louis Daviton





On se dirigeait vers les hauteurs de Mauléon, lorsque la pluie commençait à tomber sur nous par petites gouttes. Quand nous arrivâmes à destination, nous vîmes une belle maison avec un beau petit jardin qui gardait son charme malgré la pluie. Nous nous sommes attardés quelques instants devant le bassin à poissons rouges. Une fois accueilli par M. Daviton et sa femme, il nous fit entrer chez lui. Le feu flamboyant dans la cheminée, caressait avec ardeur des bûches dans l'âtre, tandis que nous prenions place dans sa cuisine autour d'un bon café bien chaud.


Que de passion dans ses yeux !


Il nous fit le récit de sa vie, du premier instant où il a découvert sa passion pour les abeilles : « J'ai toujours connu les abeilles à la maison, mes parents travaillaient à la ferme et avaient des ruches, tout comme mes grands-parents avant eux. Ils étaient venu s'installer à Mauléon, dans un quartier habité majoritairement par des familles espagnoles, époque où l'industrie était florissante étaient étroites mais la particularité était que chaque habitat avait un jardin sur la route montant vers le château fort. Les temps étaient rudes et en plus du jardin, ils avaient des ruches. A l'époque où il y avait un manque de sucre, le miel était un ingrédient de substitution ». M. Daviton se souvient de ces « Gaillards Espagnols » qui travaillaient leur jardin, s'affolaient en remuant le béret et laissaient leurs outils de jardinage par terre, à cause des abeilles. Puis ses parents ont acheté une maison plus loin dans la campagne où il y avait un terrain pentu. Il y avait autrefois une vigne et c'est là qu'ils ont emmené leurs ruches.


En grandissant, il avait de plus en plus la curiosité d'étudier la vie des abeilles dans leur ruche, « Je me souviens de ma première piqûre d'abeille sur mon visage qui s'enfla.» nous dit -il. Il nous parla aussi de la rusticité des ruches :« C'était des paniers en osier tressé », mais aussi de la technique des récoltes : «  il n'y avait pas d'équipements comme aujourd'hui à l'époque »...


Ah ! Le coucou sonnait déjà 15H...


Concernant la technique de récolte, il fallait tuer les abeilles. Le soir, ils mettaient une mèche soufrée et calfeutraient le tour de la ruche . Il y avait à ce moment un énorme bourdonnement et puis rien. « Puis nous nous mettions vite au bord de la cheminée, tant que le miel était chaud et on le sortait à la main » nous explique t-il, cela servait à éliminé certaines bactéries ayant résistées au souffre. Sa mère disait au sujet du miel : « Il vaut mieux ça que les pilules du pharmacien ! ». « En parlant du miel, celui-ci à plusieurs propriétés en terme de santé » nous dit-il. « Saviez vous qu'il existe une abeille rouge ? Cependant celle-ci est méchante par rapport à l'abeille noire une vraie teigneuse mais ô combien adapté a notre climat  ».


Absent de Mauléon durant quelques années, son père avait perdu toutes les colonies d'abeille à cause de maladies inconnues jusqu'alors. Il était plombier de profession. Revenu en Soule il travaillait dans pas mal de chantiers. Alors qu'il commençait à souffrir de rhumatismes, il est allé chez un docteur qui lui conseilla de faire des infiltrations. Ce qu'il fit. « Trois mois après le mal revenait, je repartais chez le docteur » nous dit-il. Sur le chantier, avec un collègue, il a parlé de ses problèmes. Ce dernier lui conseilla de se faire piquer à l'endroit de la douleur. Toujours est-il, qu'il tenta l'expérience et avec succès. C'est alors qu'il remit à nouveau des ruches. D'années en années, son cheptel grandissait. Dans les années 80 apparu le varroa, un destructeur d'abeille, « L'ennemi numéro 1 ! » s'exclame-t-il . Pour éviter un taux de mortalité important, il nous dit qu’il était important de changer les vieux cadres, porteurs de maladies, mais aussi et surtout éviter l'utilisation abondante de pesticides, un poison pour l'abeille et son environnement. Autre prédateur redoutable, survenu plus récemment, le frelon asiatique qui pose un énième soucis ! Celui-ci fait son nid non loin des ruches. Mais il n'était pas trop affecté parce que ses ruches étaient placées dans le bois bien cachées.


Il est 16h, le coucou revint nous faire « coucou » et rentra dans son nid apparemment content d'avoir accompli son travail.


Notons que notre passionné fait parti d'un syndicat “L’abeille des Gaves et Nive” où il rencontre d'autres personnes également amoureuses des abeilles. « J'aime beaucoup le miel parce qu'il, est excellent en terme de goût et ne coûte pas très cher. Je récupère en été la propolis qui est un très bon antibiotique, il n'y a pas mieux que ça. »


Il nous raconta tellement de choses qu'un livre aurait été insuffisant pour exprimer un tel témoignage et un si grand vécu. Nous le remercions d'avoir bien voulu nous consacrer de son temps. Il nous remercie également, heureux de voir que des gens et surtout que des jeunes s'intéressent encore aux abeilles.


16H30 sonnait à l'horloge lorsque nous décidâmes de mettre un terme à ce passionnant interview. Nous nous levâmes pour sortir et les flammes du début n'étaient plus que des petites braises, le souvenir d'un feu ardent mais pas encore éteint.








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