samedi 23 mai 2015

Thomas Rospide




C'est par une après-midi hivernale que nous nous rendîmes à Garindein, la bordure de route encore enneigée fondait doucement sous les rayons du soleil. En compagnie d'Allande, nous partions à la rencontre de M. Rospide, retraité passionné d'apiculture.
Sur notre droite, nous pûmes apercevoir des ruches entreposées dans un petit jardin arboré puis, plus loin, une grande maison bien décorée.

Allande prit l'initiative de toquer à la porte. Aussitôt celle-ci s'ouvrit et notre interlocuteur nous apparu le sourire aux lèvres. Il nous fit entrer sans plus attendre, nous ne pouvions rester dans ce froid à discuter. Nous grimpâmes quelques marches avant d'arriver dans sa cuisine puis nous nous installâmes autour d'une table, où le café venait déjà d'être préparer.

Curieux, il s'interrogea de notre venu et nous posa quelques questions. Nous lui expliquâmes alors notre projet et nous engageâmes la conversation sur l'apiculture.

Cette passion pour les abeilles remonte du temps de son grand-père, qui par son mariage s'était installé à Garindein. Il tenait une petite exploitation où il y avait des chèvres, deux vaches mais aussi 35 ruches que lui-même avait fabriqué, des ruches dites « coniques ». Ils vendaient le miel ainsi que la cire qui permettait de confectionner des bougies. « Le père Bédécaratz venait récupérer des abeilles et la reine en tapotant sur la ruche. Dans ce cas, on peut extraire le miel sans problème et les abeilles entrent dans une nouvelle ruche posée près de l'ancienne. Il n'y avait donc pas nécessité de tuer les abeilles pour récolter le miel » nous raconta-t-il.

En 1977, il a commencé son activité avec une ruche que lui avait donnée son aïeul puis il prit des cours d'apiculture au rucher école de Gélos, ce qui lui permit d'étudier la maîtrise de l'activité. Il pût notamment suivre l'évolution et le progrès de l'apiculture avec l'utilisation des ruches à cadres.

Depuis quelques années, les apiculteurs sont préoccupés par la disparition inquiètante de l'abeille, avec des pertes de centaines de milliers de ruches par an. « N'oublions pas que l'abeille est la principale pollinisatrice de toutes nos plantes à fleurs ! » S'exclama t-il, « D'après les statistiques en France, en 1995 on produisait 33 000 tonnes de miel et on importé 8000 tonnes, en 2010 on produisait plus que 15 000 tonnes et on en importé 25 000 tonnes... C'est donc une baisse considérable de la production de miel ! » Poursuivit-il. Les apiculteurs rencontrent beaucoup de difficultées et tentent tant bien que mal de sauvegarder les ruches qui peuvent encore l'être. Cependant, beaucoup abandonnent par manque de courage... De plus en plus d'amateurs délaissent leurs abeilles, ne s'en occupent plus. Selon lui et d'après tous les autres apiculteurs, pour faire ce métier ou pour simplement avoir des ruches chez soi, il faut avant tout être passionné !

Les prédateurs des abeilles font bien évidemment partie intégrante de ces difficultés, parmi cela on retrouve le varroa et le frelon asiatique. Des lanières sont utilisées contre le varroa. Pour le frelon asiatique, plus résistant, M. Rospide met sur ses ruches, dans un piège à frelon, un demi-panaché avec du sirop de grenadine. Il met ensuite des grilles de protection pour empêcher le prédateur d'entrer dans la ruche, mais il fait en sorte que cela soit suffisamment large pour les abeilles. Durant ces dernières années, il a observé qu'il y avait de moins en moins de frelons asiatiques.
Cet hiver, il a eu environ 30% de perte. Perte importante mais moindre que celle des précédents apiculteurs que nous avons pu rencontrer.

Il travaille principalement avec l'abeille noire et la buckfast, une abeille douce et très travailleuse. Mais selon lui, elles deviennent de plus en plus fragiles en raison des importations des races hybrides. L'élevage de reines est difficile, l'an passé, 6 ou 7 essaims ont été ramassés.

A cause du climat de l'année dernière, il n'a eu que très peu de miel d'acacia, les pluies abondantes ayant fait disparaître le nectar. Il achète une fois par an, trois nouvelles ruches à cause des pertes en hiver. En situation de mauvais temps, il a dû nourrir ses abeilles deux fois avec du sucre Candie ou leur propre stock de miel.

Il ne possède pas beaucoup de ruches, mais produit suffisamment de miel pour en vendre chez lui et Intermarché, à Chéraute. Auparavant, il faisait des foires, mais sa production diminuant, il dû se contraindre d'abandonner.

C'est sur ces mots que la discussion s'acheva. Nous sortîmes de la maison et il nous invita à visiter son rucher. La neige commençant à fondre sous nos pieds, nous nous dirigeâmes vers le petit jardin agrémenté d'arbres où une vingtaine de ruches étaient disposées et sur elles, des pièges à frelons. Après quelques minutes d'observation, nous prîmes le chemin du retour en discutant de tout et de rien avec cet apiculteur, sous les rayons revigorants du soleil bien peu présent cet hiver.





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